TAKE POINT (2018) ★★★★☆
- HWANG Min-hyo
- 3 août 2020
- 4 min de lecture

Un groupe de mercenaires s’infiltre dans un bunker souterrain secret pour éliminer une cible dans la zone démilitarisée coréenne.
« PMC: Deo Beong-keo » (PMC: 더 벙커) ou « Take Point » pour la distribution internationale, est un thriller d’action sud-coréen datant de 2018 Kim Byung-woo, à qui l’on doit également « The Terror Live » (2013). Les acteurs principaux sont Ha Jung-woo, qu’on a pu voir dans « Kundo: Age of the Rampant » (2014), Lee Sun-kyun, qu’on a pu voir dans « The King’s Case Note » (2017), Jennifer Ehle, qu’on a pu voir dans « RoboCop » (2014), Kevin Durand, qu’on a pu voir dans « Resident Evil: Retribution » (2012), Malik Yoba, qu’on a pu voir dans « Lucky Girl » (2016), Spencer Daniels, qu’on a pu voir dans « Star Trek » (2009), et Robert Curtis Brown, qu’on a pu voir dans « Halloween II » (2009). Doté d’un dialogue en anglais et en coréen, ce film est paru le 26 décembre 2018.

Alors que les accords de démantèlement de l’arsenal nucléaire nord-coréen est instable, l’agent de la CIA « Mac » Mackenzie (Jennifer Ehle) engage Ahab (Ha Jung-woo), le leader d’un groupe de mercenaires afin de s’infiltrer dans un bunker souterrain secret situé à 30 mètres sous la zone démilitarisée coréenne dans le but d’éliminer un haut dignitaire nord-coréen. Cependant, lorsque le commando de mercenaires prend conscience que la cible n’est autre que le guide suprême de la Corée du Nord, l’équation n’est plus la même, et Ahab négocie une rallonge sur la prime. « Mac » ne peut qu’accepter, profondément motivée par l’idée qu’une capture du guide suprême lui permettrait d’aider le président des Etats-Unis dans sa réélection. Les mercenaires donnent l’assaut, mais rapidement des forces extérieures attaquent le bunker qui devient le théâtre d’une féroce bataille pouvant mener à une nouvelle guerre mondiale…

Du point de vue de la mise en scène, Kim Byung-woo, qui endosse ici la double casquette de scénariste et de réalisateur, filme ce « Take Point » dans un style identique à ce qu’il avait proposé avec « The Terror Live » (2013) avec une narration en temps réel. Les fusillades sont perçues au loin et les murs tremblent régulièrement sous l’effet de fréquentes explosions. Ahab, le personnage principal, passe la majeure partie du film coincé dans une seule pièce, grandement handicapé par la destruction partielle de sa jambe artificielle. Il tente, tant bien que mal, de garder une trace et un contact avec ses hommes tout en gardant une liaison téléphonique avec « Mac » qui s’avère être une menteuse, complètement indigne de confiance. Elle cherche à exploiter la situation afin de permettre la réélection du président américain et ainsi d’obtenir ses faveurs et grimper dans la hiérarchie des services secrets.

De manière assez surprenante, pour une équipe de mercenaires professionnels, nous ne les voyons presque jamais tuer qui que ce soit. La quasi-totalité des scènes d’action est filmée à travers de petites caméras mobiles, présentées sous forme de boule, ayant la particularité de se déplacer sur toutes les surfaces, plafond compris, et téléguidées à distance. Les déplacements se font à travers un dédale de couloirs où chacun d’entre nous serait rapidement perdu. Le tout devient particulièrement chaotique dès lors que le bunker fait l’objet d’un bombardement américain, visant à enterrer tout le monde en effaçant le maximum de preuves. L’ensemble est terriblement efficace plaçant le spectateur dans une véritable zone de guerre, où la survie devient la priorité des priorités.

Du côté du casting, on retrouve essentiellement des acteurs étrangers, et finalement, seul l’excellent Ha Jung-woo et le très bon Lee Sun-kyun viennent représenter la Corée dans cette histoire. Le premier est un coréen du sud, qui semble avoir une carrière de mercenaire international, désirant s’installer définitivement aux Etats-Unis. Le second est un coréen du nord, médecin personnel du leader suprême de son pays. Bien que j’ai lu, dans d’autres critiques, que le niveau d’anglais des acteurs coréens était faible, personnellement, j’ai été impressionné par l’anglais parlé par Ha Jung-woo qui m’est apparu comme réellement maîtrisé. On reconnaîtra au passage Malik Yoba que, pour ma part, j’avais découvert dans la série télévisée « New York Undercover » (1994 – 1999).

Les valeurs de productions de ce « Take Point » sont d’un niveau supérieur et dans l’esprit des meilleurs blockbusters d’action. La photographie signée Kim Byung-seo est bien maîtrisée, et ce, malgré l’aspect huis clos du film. La séquence finale avec l’attaque de l’avion de transport et la chute en parachute est très originale et les visuels ne sont pas sans rappeler « Hardcore Henry » (2015) d’Ilya Naishuller. La bande originale orchestrée par Lee Ju-noh est très plaisante avec une multitude de sonorités métalliques sur fond de musique électro. Le montage confié à Kim Chang-ju débouche sur un métrage de 124 minutes qui s’avère être stressant et pleinement captivant. On notera que Darcy Paquet fut chargé de la supervision de l’anglais, et que Kwon Kwi-deok fut chargé de la chorégraphie des combats.

En conclusion, « Take Point » est un très bon thriller d’action disposant d’une histoire originale, d’une intrigue prenante et d’un développement captivant. Le rythme oscille entre lent et très dynamique, le récit est fluide et la narration est linéaire et en temps réel. La photographie est d’une très bonne qualité, sachant jouer avec les différentes luminosités, éclairages dans des endroits singulièrement clos aux décors modernes. Les effets spéciaux sont excellents, les fusillades et les explosions possèdent un rendu très réaliste. La bande musicale est plaisante, venant parfaitement accentuer les moments de fortes tensions, limite anxiogène. La distribution offre de bonnes prestations, mais le script se focalise principalement sur le personnage incarné par Ha Jung-woo, qui livre ici une prestation digne de son rang de stars actuelles du cinéma coréen. L’ensemble fait figure de blockbuster que certains jugeront anti-américain avec un final qui se présente plutôt comme anti-chinois. Un très bon divertissement dont il serait dommage de se priver…
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