OUR TOWN (2007) ★★★☆☆
- HWANG Min-hyo
- 13 mai 2020
- 4 min de lecture

Deux tueurs œuvrent dans la même ville. Une petite ville ordinaire terrorisée par une série de meurtres de femmes, poignardées et crucifiées. Un inspecteur de police obtient l’aide d’un romancier pour progresser dans ses investigations…
« Woo-ri Dong-ne » (우리 동네), ou « Our Town » pour la distribution internationale, est un thriller policier sud-coréen, datant de 2007, réalisé par Jeong Gil-yeong, à qui l’on doit également « The Intensity of Stimulation » (2013). Les acteurs principaux sont Oh Man-seok, qu’on a pu voir dans « Countdown » (2011), Lee Sun-kyun, qu’on a pu voir dans « Jo Pil-ho: The Dawning Rage » (2019), Ryu Deok-hwan, qu’on a pu voir dans « Private Eye » (2009), Park Myung-shin, qu’on a pu voir dans « 1987: When the Day Comes » (2017), Jeong Hye-won-I, qu’on a pu voir dans « The Yellow Sea » (2010), et Lee Moo-saeng, qu’on a pu voir dans « Fabricated City » (2017).
L’histoire proposée par « Our Town » nous invite à suivre à Kyung-ju (Oh Man-seok), un romancier de fiction policière. Lorsque ce dernier va se retrouver en difficulté financière et prendre du retard dans le paiement de son loyer, il va se retrouver sous la pression de sa propriétaire. Excédée de ne pas toucher son argent, celle-ci va faire changer les serrures de l’appartement de Kyung-ju, l’empêchant d’accéder à ses affaires. Lors d’une entrevue afin de trouver une solution à l’amiable, Kyung-ju étrangle sa propriétaire et la tue. Pour masquer son crime, Kyung-ju imite la manière de procéder du tueur en série qui sévit dans le quartier depuis quelques semaines, en poignardant ses victimes et en le crucifiant sur du mobilier urbain à la vue de tous. Prétextant vouloir de la matière pour son prochain roman, Kyung-ju demande à son ami d’enfance, Jae-sin (Lee Sun-kyun), inspecteur de police en charge de l’affaire des meurtres en série, de l’informer sur le dossier. La pression policière se faisant de plus en plus forte dans le quartier, le véritable tueur va bientôt devoir se dévoiler…
Le scénario concocté par Mo Hong-jin et Jeong Gil-yeong est plutôt astucieux. Dans bien des cas, on cache le plus longtemps possible l’identité du meurtrier. Dans le cas présent, un petit peu à l’instar d’un épisode de Colombo, on dévoile rapidement que Kyung-ju est l’auteur d’un meurtre. Cependant, on masque son forfait en le faisant ressembler aux assassinats du tueur en série du secteur, il va mettre le doigt dans un engrenage dont il ne va pas mesurer l’impact. « Our Town » navigue donc entre plusieurs genres. On retrouve les éléments du film à suspense. Qui est l’auteur des meurtres ? Quelles sont ses motivations ? On retrouve également la substance usuelle des films policiers avec une quête d’indices de la part de l’inspecteur de police. Celui-ci va progressivement découvrir que son ami d’enfance a commis l’irréparable. On ajoute un jeu du chat et de la souris entre le policier et le tueur en série. Ce dernier n’hésitant à pas à narguer les enquêteurs en venant déposer des éléments informatifs sur le bureau de l’inspecteur au cœur même du commissariat, au nez et à la barde de ses collègues.
On ne peut cependant pas négliger la tournure dramatique du récit. Les principaux protagonistes sont finalement tous liés par des événements de l’enfance. Ils fréquentaient tous le même établissement scolaire et ont eu des interactions durant cette période. On peut ainsi mesurer l’impact des actes passés, les mensonges, la culpabilité ou encore la douleur profonde, sur le long terme. En outre, le fait de déstabiliser le tueur va provoquer chez lui une amplification de sa rage. Il va s’en prendre directement aux forces de l’ordre. Enfin, on ne pourra pas passer à côté du sempiternel refrain de l’incompétence de la police et de la pression exercée par la hiérarchie dans une forme peu respectueuse.
D’une durée de 114 minutes, « Our Town » prend le temps de développer les principaux personnages. Le développement trouve ainsi un équilibre entre les quelques scènes d’action, les meurtres et les investigations. La mise en scène proposée par Jeong Gil-yeong permet de comprendre les liens qui unissent les différents personnages. Dans ce sens, le trio d’acteurs, qui incarne les rôles principaux, offre de très bonnes prestations, avec cependant un petit plus pour Ryu Deok-hwan dans la peau du tueur en série. Ce dernier offre un personnage calme, pragmatique mais s’inscrivant dans une véritable souffrance psychologique. Il explose littéralement dans la dernière partie du métrage et la performance de l’acteur est alors très impressionnante.
Les valeurs de production sont plus que satisfaisantes. La photographie délivrée par Lee Gang-min fait la part belle aux séquences nocturnes. On peut souligner ici que le titre coréen du film « 우리 동네 » se traduit plutôt par « mon quartier » que par « notre ville » comme le laisserait entendre le titre international du métrage. Dans ce sens, la photographie propose de tourner sur des endroits clés d’un même quartier. Celui-ci devient alors comme une sorte de personnage à part entière. Le film se termine d’ailleurs par un passage en revue des différents lieux importants du récit. La bande originale orchestrée par Jeong Jae-hwan n’est pas très éloquente mais vient souligner les passages importants, notamment les moments de tension de l’histoire. Enfin, l’édition proposée par le duo composé de Choi Jae-geun et de Eom Jin-hwa s’aligne sur les classiques du genre sans démarcation significative.
En conclusion, « Our Town » est un honorable thriller policier disposant d’une histoire originale, d’une intrigue solide et d’un développement équilibré. Le rythme est pondéré, alternant scène d’action, d’investigation et relationnel, le récit est fluide et la narration fait appel à plusieurs flashbacks liés à l’enfance des différents protagonistes. La photographie met l’accent sur les scènes de nuit, la bande musicale est discrète et l’édition est soignée. La distribution offre de très bonnes prestations dont on retiendra probablement la performance de Ryu Deok-hwan. Un film intéressant et divertissant. A voir…
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